ENTRETIEN AVEC JOEL CANO. Filmer à Cuba est-il un acte subversif ?

 Orisel Gaspar en Siete días siete noches, SORTIE NATIONALE : le 14 juillet 2004
Orisel Gaspar


SIETE DIAS, SIETE NOCHES de Joel Cano France/Italie/Cuba - 2003 - 1h46

SORTIE NATIONALE : le 14 juillet 2004. Distribué par "Shellac"

SYNOPSIS:
Siete días, siete noches, à travers les portraits croisés de trois femmes, une plongée sans concession dans le Cuba d’aujourd’hui.

ENTRETIEN AVEC JOEL CANO

Filmer à Cuba est-il un acte subversif?
Chez nous, tout discours esthétique qui s’éloigne de la voie officielle est un crime moral, voire antipatriotique. Comme tout est interdit, tout est délit. Mon film, par son approche de la réalité va à l’encontre de la facture de films actuels produits à Cuba, alors qu’il essaie seulement de renouer avec la sensibilité libertaire, fraîche et exaltée des films des années 60, où tous les moyens étaient bons pour raconter une histoire. Dans une production européenne, seul compte l’aspect économique. À Cuba, il faut ajouter la politique et l’idéologie qui contaminent toutes les décisions. Et pour éviter d’être bridé, le seul moyen possible est de rentrer en marginalité, et de ce fait en subversion. Être un héros de la culture ce n’est pas mon credo, mais, de fait, réaliser un film comme Siete días, siete noches revient à commettre un acte subversif.

Pourriez-vous nous parler du caractère insulaire de Cuba?
C’est la maudite circonstance de l’eau partout, disait Virgilio Piñera, un des plus grands écrivains cubains. L’île et ses habitants sont les prisonniers de cette territorialité consciente. En apparence une île n’a pour frontière que l’horizon, pourtant il n’y a pas de ligne de fuite.